Petite chienne Biscouette s'en va-t-au bois
Un jour, comme le premier coucou annonçait le printemps, la petite chienne eut envie de retourner au bois. Peut-être aurait-elle la chance de trouver encore quelques truffes à ramasser.
En chemin, elle rencontra Écureuil qui lui dit :
Où vas-tu Petite-Chienne-Biscouette, biscouettant de la couette ?
Je vais au bois, ramasser des truffes.
Emmène-moi, dit Écureuil.
Je ne demande pas mieux mon Écureuil, mais voilà, il y a là-bas un grand trou et tu ne sauras pas sauter par-dessus.
Moi ? je ne saurais pas ! emmène-moi Petite-Chienne-Biscouette et tu verras !
C'est bon, viens toujours.
Et patte-dessus, patte-dessous, Biscouette et Écureuil trottinèrent sur la route. Arrivés devant le trou :
Saute, dit Petite-Chienne-Biscouette.
Toi d'abord, saute la première ! dit Écureuil
"Soit" dit la petite chienne qui prit son élan, un, deux, trois et youpi-you ! sauta par dessus le trou. A toi maintenant mon Écureuil, saute ! dit Petite-Chienne-Biscouette.
Écureuil prit son élan, un, deux et hésita. Elle reprit son élan, un, deux et chlac ! tomba dans le trou. Pensez-vous qu'elle s'inquiéta pour son ami Écureuil, la Petite-Chienne-Biscouette ? Non ! pas un seul instant ! Toute biscouettante , elle se rendit seule sous les grands chênes, ramassa beaucoup de truffes puis rentra chez-elle bien contente.
Au bout de quelques jours, elle voulu faire une nouvelle provision de ces bons champignons noirs. Sur la route du bois, elle rencontra Hérisson qui lui dit :
Où vas-tu Petite-Chienne-Biscouette, biscouettant de la couette ?
Je vais au bois, ramasser des truffes.
Des truffes ? Oh ! des truffes, j'aime tant les truffes ! Je t'accompagne, veux-tu ?
Je veux bien mon Hérisson, mais voilà, il y a là-bas un grand trou et tu ne sauras pas sauter par-dessus.
Je ne sauterai pas ? allons, tu veux rire ! Emmène-moi, et tu verras !
C'est bon, viens toujours.
Et patte-dessus, patte-dessous, Biscouette et Hérisson trottinèrent sur la route. Arrivées devant le trou, il se passa la même chose qu'avec Écureuil : Hérisson tomba aussi dans le trou.
Sans se soucier de ses amis, Petite-Chienne-Biscouette toute biscouettante se rendit seule sous les grands chênes. Elle y fit encore une belle récolte de truffes puis rentra chez elle, bien contente. Elle prépara une bonne omelette aux truffes qu'elle partagea avec toutes ses amies.
Le lendemain, elle partit à nouveau pour le bois. Les bourgeons pointaient, les premières anémones fleurissaient, les ruisseaux chantaient, le printemps commençait à chuchoter dans les nids des buissons.
En chemin, la petite chienne rencontra Renard qui lui dit :
Où vas-tu Petite-Chienne-Biscouette, biscouettant de la couette ?
Au bois ! Au bois du printemps.
Au bois du printemps, quelle affaire ! J'irais bien avec toi si tu acceptes ma compagnie.
Oui, bien sûr, j'accepte mon Renard, mais voilà, il y a là-bas un grand trou. Tu ne sauras pas sauter par-dessus...
En voilà des idées, dit Renard, non seulement je saurai sauter, mais je le ferai cent fois mieux que toi, emmène-moi Petite-Chienne-Biscouette, et tu verras !
C'est bon, viens toujours.
Et patte-dessus, patte-dessous, Biscouette et Renard trottinèrent sur la route. Arrivés devant le trou, il se passa la même chose qu'avec Écureuil et Hérisson : Renard tomba dans le trou et y rejoignit les deux autres bêtes. Petite-Chienne-Biscouette n'en fut pas troublée. Toute
biscouettante, elle se rendit seule sous les grands chênes mais comme ce jour-là elle ne trouva pas une seule truffe, elle ne tarda pas à rentrer chez elle.
Durant ce temps, les trois bêtes serrées au fond du trou comme dans un piège, se demandaient comment sortir de là. Quand, soudain, Écureuil, le plus rusé des trois, eut une idée qu'il se garda bien
d'expliquer aux autres.
Voilà, dit-il, je tiens de ma grand'tante une formule magique qui pourrait nous délivrer.
Alors, qu'attends-tu petit sauvage ? dit Renard agacé. Si tu connais une formule magique, presse-toi donc de t'en servir !
C'est que... c'est que... dit Écureuil qui faisait semblant d'être embarrassé, ma formule magique ne peut avoir d'effet que si je la récite le museau face au vent. Et ce n'est pas au fond de ce trou que je sentirai passer le vent.
Il y a moyen d'arranger les choses dit Renard. Je suis bien plus grand que vous deux. Si je me tenais debout sur les pattes de derrière , pourrais-tu grimper le long de mon échine, jusqu'à mes épaules et, de là, sentir passer le vent ?
Peut-être ! je vais toujours essayer dit Écureuil le finaud qui n'attendait que cela.
Alors, s'appuyant tant bien que mal contre la paroi glissante de leur prison de terre, Renard se tint debout sur ses pattes de derrière, puis Écureuil s'accrocha aux poils de son échine et commença à grimper.
Sens-tu le vent passer Écureuil ?
Non, pas encore ! dit Écureuil, il faut monter plus haut
Sens-tu passer le vent mon écureuil ?
Non, pas encore ! dit Écureuil, je grimpe sur tes épaules.
Sens-tu passer le vent mon écureuil ?
Non, pas encore ! dit Écureuil, ferme les yeux, je saute sur ta tête.
Renard ferma les yeux et Écureuil sauté sur sa tête, se secoua un brin et hop ! bondit hors du trou.
Mais qu'est-ce que tu fais donc ? s'écria Renard étonné.
Pas de réponse, bien sûr ! Écureuil était déjà loin dans le bois. Renard tempêta :
Ah ! le coquin ! il nous a trompés.
A cet instant le coucou chanta dans le bois et Hérisson eut une idée pour ruser Renard.
Je veux voir le coucou pour lui demander de l'aide ! dit Hérisson.
Et l'escalade du Renard se fit de la même façon que pour la ruse d' Écureuil. Une fois que Renard eut fermé les yeux, Hérisson s'enfuit à travers bois. Renard se retrouva seul et bien malheureux.
Peu de temps après, Petite-Chienne-Biscouette s'en vint au bois pour y cueillir des violettes. En chemin, elle rencontra Écureuil et Hérisson qui lui racontèrent le bon tour joué à ce nigaud de Renard qui se croyait toujours si malin.
Il suffit ! dit la chienne, vous n'êtes guère gentils et je ne vaux pas plus cher que vous, moi qui vous ai abandonnés au fond du trou. Je veux qu'avant la nuit Renard soit libéré.
Tu as raison, et nous allons t'aider.
Et des heures et des heures durant, sans s'arrêter une seule minute pour souffler, les trois petites bêtes ramassèrent des brindilles de bois mort qu'elles jetèrent dans le trou. Brindilles sur brindilles s'entassèrent, et quand le tas fut assez haut, Renard escalada et retrouva enfin la liberté ! Il rentra dans son terrier la queue basse, et se coucha, exténué, mais bien heureux de s'étre sorti indemne d'une pareille mésaventure !
Quelques jours plus tard, Biscouette de nouveau en ballade dans le bois, retrouva Renard attroupé autour de l'étang avec ses petits amis de la fôrêt. Si l'incident fut vite oublié et donna lieux à de franches rigolades, Renard jura qu’on ne l’y reprendrait pas !
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